La saison des brumes a quelque chose d'irréel : les sous-bois qui s'effacent, la lumière qui se tamise et ces silhouettes d'arbres qui semblent sorties d'un autre monde. C'est la période où j'aime le plus photographier — à la fois pour l'ambiance et pour les rencontres animales qui s'y produisent. Mais c'est aussi la période sensible pour la faune : nidifications, réveils, déplacements limités des jeunes. Dans cet article, je partage ma méthode pour planifier une sortie photo en brume en respectant les périodes de nidification. C'est un équilibre entre soif d'image et responsabilité écologique.
Préparer sa sortie : se renseigner avant tout
Avant de charger le sac et de partir à l'aube, j'effectue trois vérifications essentielles :
Se renseigner prend parfois 10 minutes, parfois quelques heures, mais ces gestes évitent de déranger un couple sur son nid ou de séparer des jeunes de leurs parents.
Choisir le bon horaire : privilégier des fenêtres qui minimisent le dérangement
La brume est souvent plus dense au lever du jour et en fin de nuit. C'est tentant : la lumière est magique et les animaux sont actifs. Pourtant, les premiers et derniers moments de la journée sont aussi ceux où les oiseaux nourrissent les jeunes. Voici comment je m'organise :
Respecter des horaires n'est pas une contrainte, mais une manière d'augmenter la qualité de mes images tout en garantissant la tranquillité des animaux.
Choix du lieu et approche : rester sur le chemin, observer avant d'agir
Dans la brume, les sons portent différemment. J'utilise cette caractéristique à mon avantage : je m'arrête souvent dès que j'entends un chant ou des cris d'alerte. Mon principe est simple : si un animal manifeste une réaction à ma présence, je recule.
Quelques règles que j'applique systématiquement :
Équipement et techniques pour la brume sans déranger
Photographier en brume demande un kit adapté, mais rien de compliqué. Voici mon équipement type et mes astuces pour limiter le temps passé en approches risquées :
Technique : je prépare mes cadrages depuis la lisière, je fais des tests d'exposition et je règle la balance des blancs manuellement pour garder l'ambiance froide et douce de la brume. Quand la faune est présente, je privilégie des rafales courtes et des pauses entre les séries pour évaluer la réaction des animaux.
Planification pratique : une check-list et un calendrier
Pour mes sorties, j'aime avoir un petit tableau récapitulatif que je mets à jour selon le site et la saison. En voici un exemple simple que j'utilise souvent :
| Avant la sortie | À vérifier |
|---|---|
| Jour -7 | Consulter périodes de nidification locales et signalements sur eBird/iNaturalist |
| Jour -2 | Vérifier météo (brume attendue), accès routier et réglementations |
| Veille | Repérer itinéraire, préparer équipement, charger batteries |
| Matin même | Observer à distance 10 min avant d'entrer, respecter les horaires choisis |
Et une check-list rapide dans le sac :
Comportements à adopter sur le terrain
Quelques comportements pratiques et éthiques qui font une grande différence :
Toutes ces pratiques me permettent de ramener des images dont je suis fière, sans sacrifier le bien-être des espèces qui rendent ces moments possibles.
Et si je surprends un nid ou des jeunes au sol ?
Si je découvre un nid ou des jeunes, je m'éloigne immédiatement et j'évalue la situation à distance. Dans la plupart des cas, les parents reviennent si on laisse le calme revenir. Si un animal est blessé, j'entre en contact avec une structure de soin pour la faune sauvage plutôt que d'intervenir moi-même.
Sur Forestoffog (https://www.forestoffog.ch), je partage souvent ces moments et j'encourage les lecteurs à adopter le même respect que j'essaie d'incarner : photographier moins, mais mieux, en laissant aux forêts le temps de reprendre leur cours naturel.