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Planifier une sortie photo de la saison des brumes en respectant les périodes de nidification

Planifier une sortie photo de la saison des brumes en respectant les périodes de nidification

La saison des brumes a quelque chose d'irréel : les sous-bois qui s'effacent, la lumière qui se tamise et ces silhouettes d'arbres qui semblent sorties d'un autre monde. C'est la période où j'aime le plus photographier — à la fois pour l'ambiance et pour les rencontres animales qui s'y produisent. Mais c'est aussi la période sensible pour la faune : nidifications, réveils, déplacements limités des jeunes. Dans cet article, je partage ma méthode pour planifier une sortie photo en brume en respectant les périodes de nidification. C'est un équilibre entre soif d'image et responsabilité écologique.

Préparer sa sortie : se renseigner avant tout

Avant de charger le sac et de partir à l'aube, j'effectue trois vérifications essentielles :

  • Les périodes de nidification locales : je consulte les fiches d'espèces (LPO, BirdLife, offices cantonaux de la nature) pour connaître les dates approximatives de nidification des oiseaux communs de la région. En Suisse, beaucoup d'espèces commencent à nidifier dès mars et poursuivent jusqu'en août selon l'altitude et l'espèce.
  • Les réglementations et zones sensibles : je vérifie si le lieu choisi est une réserve, un site Natura 2000, ou s'il comporte des zones de protection stricte. Certaines forêts ont des chemins balisés à respecter ou des nouvelles interdictions saisonnières.
  • Les observations récentes : j'utilise des plateformes comme eBird, iNaturalist, ou les groupes locaux pour voir si des nidifications ont été signalées. Ces infos me permettent d'ajuster le plan pour éviter les zones occupées.
  • Se renseigner prend parfois 10 minutes, parfois quelques heures, mais ces gestes évitent de déranger un couple sur son nid ou de séparer des jeunes de leurs parents.

    Choisir le bon horaire : privilégier des fenêtres qui minimisent le dérangement

    La brume est souvent plus dense au lever du jour et en fin de nuit. C'est tentant : la lumière est magique et les animaux sont actifs. Pourtant, les premiers et derniers moments de la journée sont aussi ceux où les oiseaux nourrissent les jeunes. Voici comment je m'organise :

  • J'évite d'entrer dans des secteurs de nidification connus pendant les créneaux de nourrissage (lever du jour jusqu'à 2–3 heures après).
  • Je privilégie des sorties un peu plus tardives quand la brume persiste, par exemple en milieu de matinée, ou une aube très précoce mais en restant sur les sentiers et loin des zones de nid.
  • Si je veux absolument photographier à l'aube, je repère le lieu la veille depuis la lisière ou à distance, puis j'entre très doucement et uniquement si je constate l'absence d'activité parentale intensive.
  • Respecter des horaires n'est pas une contrainte, mais une manière d'augmenter la qualité de mes images tout en garantissant la tranquillité des animaux.

    Choix du lieu et approche : rester sur le chemin, observer avant d'agir

    Dans la brume, les sons portent différemment. J'utilise cette caractéristique à mon avantage : je m'arrête souvent dès que j'entends un chant ou des cris d'alerte. Mon principe est simple : si un animal manifeste une réaction à ma présence, je recule.

    Quelques règles que j'applique systématiquement :

  • Rester sur les sentiers balisés autant que possible. Cela limite l'impact sur le sous-bois et réduit les risques de tomber sur un nid au sol.
  • Repérer avant d'approcher : je prends 5 à 10 minutes pour observer avec des jumelles à distance. Si je vois des comportements de stress (envols répétés, cris d'alarme), je n'insiste pas.
  • Maintenir une distance de sécurité — pour beaucoup d'oiseaux forestiers, 20–50 mètres est une bonne base ; pour des espèces particulièrement sensibles (rapaces nicheurs, passereaux en grand nombre), je m'éloigne davantage.
  • Éviter les mimétismes et l'utilisation d'appâts. Parfois, la tentation d'imiter un chant ou d'utiliser des appels est grande, mais cela peut attirer un prédateur ou perturber un couple en période de nidification.
  • Équipement et techniques pour la brume sans déranger

    Photographier en brume demande un kit adapté, mais rien de compliqué. Voici mon équipement type et mes astuces pour limiter le temps passé en approches risquées :

  • Objectif : un 24-70 pour les ambiances et un 70-200 ou 100-400 pour la faune si je dois rester à distance. J'aime aussi emporter un grand-angle (16-35) pour capturer l'atmosphère des bois enveloppés.
  • Trépied compact : la brume réduit la lumière, donc la stabilité aide à garder une exposition nette sans augmenter trop les ISO.
  • Vêtements silencieux et imperméables : j'utilise des vestes softshell et des guêtres pour limiter le bruit et rester au sec. Les bottes ou chaussures imperméables sont indispensables en terrain humide.
  • Jumelles et longue-vue : indispensables pour repérer la faune sans l'approcher.
  • Lampe frontale à intensité réglable : utile en montée à l'aube, mais je la cale sur faible intensité et je l'oriente vers le sol pour ne pas éblouir la faune.
  • Technique : je prépare mes cadrages depuis la lisière, je fais des tests d'exposition et je règle la balance des blancs manuellement pour garder l'ambiance froide et douce de la brume. Quand la faune est présente, je privilégie des rafales courtes et des pauses entre les séries pour évaluer la réaction des animaux.

    Planification pratique : une check-list et un calendrier

    Pour mes sorties, j'aime avoir un petit tableau récapitulatif que je mets à jour selon le site et la saison. En voici un exemple simple que j'utilise souvent :

    Avant la sortie À vérifier
    Jour -7 Consulter périodes de nidification locales et signalements sur eBird/iNaturalist
    Jour -2 Vérifier météo (brume attendue), accès routier et réglementations
    Veille Repérer itinéraire, préparer équipement, charger batteries
    Matin même Observer à distance 10 min avant d'entrer, respecter les horaires choisis

    Et une check-list rapide dans le sac :

  • Appareil, deux objectifs, cartes mémoire
  • Trépied, filtre UV ou ND selon l'ambiance
  • Jumelles, guide d'identification (application ou livre)
  • Vêtements chauds et imperméables, nourriture et eau
  • Trousse de premiers secours et téléphone chargé
  • Comportements à adopter sur le terrain

    Quelques comportements pratiques et éthiques qui font une grande différence :

  • Limiter le temps passé près d'une zone où j'ai observé des signes de nidification. Dix minutes d'observation tranquille valent mieux qu'une heure de poses répétées qui stressent les oiseaux.
  • Éviter de pénétrer sous le couvert où la végétation est dense — c'est souvent là que se trouvent les nids au sol.
  • Ne pas laisser de traces : je repars avec tous mes déchets et, si je peux, je ramasse ce que je trouve d'abandonné.
  • Partager les informations avec prudence : lorsqu'une observation rare de nidification est faite, je préfère la signaler aux associations locales plutôt que la publier publiquement avec coordonnées précises. Cela protège le site.
  • Toutes ces pratiques me permettent de ramener des images dont je suis fière, sans sacrifier le bien-être des espèces qui rendent ces moments possibles.

    Et si je surprends un nid ou des jeunes au sol ?

    Si je découvre un nid ou des jeunes, je m'éloigne immédiatement et j'évalue la situation à distance. Dans la plupart des cas, les parents reviennent si on laisse le calme revenir. Si un animal est blessé, j'entre en contact avec une structure de soin pour la faune sauvage plutôt que d'intervenir moi-même.

    Sur Forestoffog (https://www.forestoffog.ch), je partage souvent ces moments et j'encourage les lecteurs à adopter le même respect que j'essaie d'incarner : photographier moins, mais mieux, en laissant aux forêts le temps de reprendre leur cours naturel.

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