Conservation

Comment créer un carnet d'observations naturalistes utile pour les associations locales

Comment créer un carnet d'observations naturalistes utile pour les associations locales

Quand je pars en randonnée brumeuse ou en reconnaissance matinale, j'ai toujours avec moi un petit carnet d'observations. Ce n'est pas seulement un journal intime de mes rencontres avec la vie sauvage : c'est un outil que je construis pour qu'il soit utile aux associations locales et aux naturalistes qui documentent la biodiversité de notre région. Voici comment j'ai appris à créer un carnet d'observations naturalistes pratique, fiable et partageable — pour ceux qui veulent allier promenade, science citoyenne et protection.

Pourquoi tenir un carnet d'observations ?

Pour moi, tenir un carnet, c'est conserver la mémoire des lieux et des saisons. Mais c'est aussi contribuer concrètement à des inventaires : les données de terrain alimentent des suivis d'espèces, des cartographies de corridors, ou des alertes pour des espèces en déclin. Les associations locales manquent souvent de moyens pour faire un relevé systématique : vos observations, si elles sont bien formatées, deviennent des pièces précieuses pour orienter des actions de conservation.

Le format : papier, numérique ou les deux ?

Je suis une partie « papier » et une partie « numérique ». Le carnet papier garde une intimité, une lecture rapide lorsque la batterie est vide ou par temps humide. J'aime les carnets Field Notes ou Moleskine résistants ; certains modèles étanches existent et sont parfaits en conditions humides. Mais pour la transmission et l'intégration à des bases de données, le numérique est indispensable. J'utilise iNaturalist pour l'identification et eBird pour les oiseaux. La combinaison des deux permet d'avoir une trace photo géolocalisée et un enregistrement structuré.

Les informations indispensables à noter

Un carnet utile pour une association doit être simple mais complet. J'ai appris à faire court mais pertinent, et à harmoniser mes entrées pour faciliter la lecture et la saisie ultérieure.

  • Date et heure — Indispensables pour suivre les phénologies et l'activité quotidienne.
  • Lieu — Nom du sentier, commune, et si possible coordonnées GPS. Sur le terrain, mon GPS Garmin ou simplement le GPS du smartphone me sauvent la mise.
  • Type d'habitat — Forêt de feuillus, hêtraie-mélèzin, bord de cours d'eau, lisière agricole, etc.
  • Espèce observée — Nom commun et, si vous le connaissez, nom scientifique. Une photo aide pour la vérification.
  • Nombre d'individus — Estimation (1, 2-5, 6-20, +20) et comportement observé (chant, nourrissage, migration, reproduction).
  • Conditions météorologiques — Brouillard, pluie, température approximative, vent.
  • Indices — Traces, empreintes, crottes, nids, pelotes de réjection, etc.
  • Remarques — Perturbations (présence de chiens, travaux, dépôts sauvages), ou tout élément utile pour l'association.

Un modèle d'entrée pratique (que j'utilise)

J'ai standardisé mon format pour qu'il soit lisible par d'autres. Voici ce que je note en haut d'une page ou d'une fiche :

Date 2025-10-12
Heure 07:30
Lieu Forêt de la Dentaz, 46.123N / 6.789E
Habitat Hêtraie humide, lisière sud
Espèce Faisan de Colchide (Phasianus colchicus) — 3 individus — chant, fuite à l'approche
Indices Plumes sur sentier, crottes fraîches
Conditions Brouillard dense, 6°C, vent NE modéré
Remarques Présence de chiens lâchés — potentielle perturbation

Photographie et géolocalisation : mes astuces

Une photo vaut mille mots, surtout pour une association en quête de preuves. J'emploie mon smartphone pour la majorité des clichés — les appareils récents (iPhone, Pixel, Samsung) intègrent automatiquement la géolocalisation. Pour les observations plus discrètes, j'utilise parfois un objectif compact ou un boîtier Olympus/Canon selon la météo. N'oubliez pas d'activer les métadonnées GPS dans les paramètres de l'appareil.

Si vous préférez le papier, collez une petite vignette photo dans le carnet ou notez le nom du fichier et la date pour retrouver facilement la photo lors de la saisie.

Éthique et bonnes pratiques sur le terrain

Je suis très attentive à ne pas déranger. Quelques règles que je m'impose et que je conseille :

  • Rester à distance et utiliser la longue focale pour limiter le stress des animaux.
  • Ne pas approcher les nids ou les jeunes à découvert.
  • Éviter d'appeler ou de jouer des enregistrements de chants sauf si vous faites partie d'une étude encadrée : cela peut désorienter les mâles et perturber la reproduction.
  • Signaler les perturbations observées (traçage, dépôts) dans vos fiches pour que les associations puissent intervenir.

Transmettre ses données aux associations locales

Le plus utile est de respecter le format demandé par l'association. Beaucoup acceptent :

  • Fichiers CSV ou Excel exportés depuis des applications.
  • Observations via des plateformes comme iNaturalist, eBird ou des portails régionaux de sciences participatives.
  • Envois par mail avec photos et la fiche récapitulative.

Avant d'envoyer, je vérifie la qualité : une date précise, une localisation exploitable et une photo ou une description suffisante. Si vous hésitez sur l'identification, notez-le ; les naturalistes des associations préfèrent une observation douteuse plutôt qu'une absence d'information.

Comment impliquer votre groupe ou club sportif

La catégorie Sport du blog m'amène souvent à croiser des trailers, randonneurs et skieurs qui souhaitent contribuer. Voici quelques idées concrètes que j'ai mises en place :

  • Organiser une matinée « observation et trail » : une boucle de 10 km avec points d'arrêt pour prendre des notes, encadrée par un(e) naturaliste.
  • Former les membres à l'utilisation d'iNaturalist et à la prise de photos utiles (angles, mise au point, inclusion d'indices).
  • Mettre en place une feuille de relevé simple à imprimer et glisser dans les sacoches ou vestes.

Exemples d'usages concrets

J'ai moi-même transmis des séries d'observations de salamandres tachetées après un hiver doux : ces données ont servi à alerter une association qui a obtenu la protection d'un cours d'eau temporaire contre des travaux routiers prévus. Un autre été, nos relevés d'oiseaux sur une lisière ont permis de justifier la création d'un corridor boisé entre deux parcelles.

Ressources et outils que j'utilise

  • Papier : Field Notes Expedition, Moleskine Cahier kraft résistant.
  • Applications : iNaturalist, eBird, ObsMapp (pour la cartographie locale).
  • Matériel : Smartphone avec GPS, une petite paire de jumelles 8x32, un boîtier compact pour les longues focales si besoin.

Tenir un carnet d'observations n'est pas seulement un acte solitaire : c'est un geste de solidarité envers ceux qui protègent la nature. En structurant vos notes, en pensant à la réutilisation par une association et en respectant les bonnes pratiques sur le terrain, vous rendez vos sorties plus utiles que jamais. La brume révèle souvent des trésors — en gardant une trace soignée, nous aidons à les protéger.

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